Terrorisme : l'Afrique, cette cible de choix des djihadistes

DATA. Au détour de ce recensement des attaques islamistes opérant sur le continent depuis 2001, l'on découvre combien l'Afrique est en première ligne.

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Les combattants du Mujao (photo).
Les combattants du Mujao (photo). © AFP/Issouf Sanogo

Temps de lecture : 3 min

Récemment, cinq chefs djihadistes sont apparus dans une vidéo de sept minutes tournée dans le Sahel. Par la voix du chef djihadiste malien Iyad Ag Ghaly, ils annoncent l'unification de plusieurs groupes armés en une seule entité : le Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans, de son nom original en arabe « Nusrat al-Islam wal-Muslimeen ». État islamique (EI), Al-Shabbaab, Ansar Beït al-Maqdess ou encore le Groupe sunnite pour la prédication et le djihad (ex-Boko Haram)... Si tous ces mouvements islamistes armés agissent avec des motivations politiques et régionales différentes, tous revendiquent aussi l'instauration de la charia.

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Combien sont-ils ? Pour y voir plus clair, Le Point Afrique a comptabilisé le nombre de groupes djihadistes présents en Afrique, et a passé au crible leurs actions terroristes revendiquées. Au total, nous avons répertorié huit groupes principaux affiliés à l'EI ou Al-Qaïda, regroupant plus de 52 400 combattants. Pour ce faire, nous nous sommes basés sur la liste officielle établie par le Comité contre le terrorisme, mandaté par les résolutions 1373 et 1624 du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que sur les données du Global Terrorism Index et le Centre américain de surveillance des sites djihadistes (SITE).

Les attaques djihadistes se sont intensifiées

La plupart de ces groupes islamistes ont émergé en Afrique dès le début des années 2000. On en trouve certes ailleurs dans le monde, mais c'est en Afrique que les combattants sont le plus actifs : du Burkina Faso au Mali en passant par le Cameroun, le Tchad, le Kenya et la Somalie. Seules l'Afrique australe et la région des Grands Lacs semblent épargnées par les attaques djihadistes. Trois pays de la bande sahélo-saharienne, Mali, Niger et Burkina Faso, ont été frappés par 257 attaques en 2016, soit une hausse impressionnante de 150 % par rapport à l'année précédente.

Le Nigeria est le pays le plus touché

Le Nigeria, situé en Afrique de l'Ouest, est la première cible du terrorisme, avec plus de 9 000 morts attribués à l'ex-Boko Haram depuis 2002. Suivent la Somalie, le Cameroun, et l'Algérie.

Les pays les plus touchés par les attentats sont les lieux d'implantation historiques de ces combattants. La zone d'action de ces groupes djihadistes, elle, s'est étendue au fil de leur montée en puissance. Les attaques meurtrières touchent désormais la Côte d'Ivoire ou le Burkina Faso.

Quelles sont les branches les plus meurtrières ?

Ils sèment la terreur et tuent civils et militaires sur l'ensemble du continent, ciblant des populations aussi bien chrétiennes que musulmanes. Au total, en dix ans, pas moins de 28 500 personnes ont été tuées au cours de plusieurs centaines d'attaques. Le Groupe sunnite pour la prédication et le djihad (ex-Boko Haram) est de loin la branche la plus sanguinaire de l'EI avec plus de 2 480 attaques depuis 2002.

Toutefois, le Mali, fief du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (unification notamment de la branche Al-Mourabitoune, AQMI et Ansar Eddine), enregistre une hausse des attaques pour l'année 2016. Dernier exemple en date : l'attaque revendiquée d'un poste de sécurité à Boulekissi, ville située à la frontière avec le Burkina Faso.

Une évolution des modes opératoires et des cibles

Les fusillades et les attentats-suicides dans des lieux publics sont les modes opératoires les plus courants. Ils aboutissent à des massacres de masse, à l'instar de la sanglante attaque à Grand-Bassam, en Côte d'Ivoire, le 13 mars 2016, causant la mort de 19 personnes.

De fait, chaque groupe djihadiste a son propre mode opératoire. L'ex-Boko Haram a recours à de jeunes kamikazes dans des lieux publics. Plus de 75 % d'entre eux sont des filles, selon un rapport de l'Unicef publié en 2015. Autres exemples : la branche égyptienne de l'EI utilise des voitures piégées et les shebabs se distinguent par des assauts meurtriers dans des grands hôtels de Mogadiscio, la capitale somalienne.